Timouss est un adorable chat blanc et noir qui souffre d’une insuffisance rénale.
Je ne sais pas pourquoi mais Timouss a touché une fibre dans mon cœur. Il y a quelque chose de tellement pur et de beau chez lui que l’on ne peut s’empêcher d’être émerveillé par son être.
Quand je l’ai connu, il était dans un état très grave, le vétérinaire ne pensait pas qu’il survivrait. Sa gardienne, Laurence, me l’a confié et grâce au ciel, Timouss a survécu un an de plus. Demain il aura 17 ans!
Aujourd’hui, c’est dimanche. Cela fait trois jours que Timouss ne mange plus et ne boit pas. La vétérinaire a dit à sa gardienne Laurence: «On se revoit lundi et on avisera s’il n’y a pas d’améliorations». La vétérinaire ne peut plus faire grand-chose à part lui donner l’injection de fin de vie. La vétérinaire est bienveillante, ouverte d’esprit et comprend très bien le côté fusionnel de Laurence avec son chat.
Je parle de Timouss avec Laurence. Bien qu’il ne mange plus, il me semble paisible. J’aimerais pouvoir le sauver encore une fois mais je suis obligée de me rendre à l’évidence que cette sensation de paix est suspicieuse. En général, elle annonce un départ. Elle annonce aussi que les êtres de lumière qui s’occupent des animaux sont autour, pour les accompagner dans le grand voyage.
J’explique à Laurence comment je perçois cette sensation de paix qui s’installe. C’est comme un grand espace noir et vide mais accueillant et réconfortant à la fois. Cette atmosphère s’étend dans toute la maison. Laurence me dit: «Oui, mais je ne sais pas repérer les choses». Alors je lui demande si elle a éprouvé cette paix. Elle me dit: «Oui j’ai senti la paix, j’ai pris sa tête dans mes mains et j’ai pensé, il est drôlement fort. L’impression qu’il avait une grande force intérieure m’a scotchée, cette tranquillité qu’il affichait. Il me regardait avec cette force».
Je demande à Laurence de m’expliquer comment elle a ressenti cette sérénité.
Elle me répond: «C’est une forme d’acceptation».
Je lui explique alors que selon moi, elle a accédé à son esprit, son âme qui est au-delà de la personnalité. Dans ce regard, Laurence a senti cet éternel. Même si elle a du mal à formuler ce ressenti, elle me dit «Oui c’est un peu ça. Il y n’avait plus de peur de sa part, juste… c’est comme ça».
Par moments, Laurence arrive à accéder à cette tranquillité, elle se rend compte qu’elle n’est plus dans l’acharnement. Elle m’explique qu’avant il était impensable pour elle que Timouss s’en aille. Maintenant, elle commence à accepter l’idée.
J’explique à Laurence que selon moi, il attend que tout soit en harmonie. Il ne faut pas faire l’euthanasie trop tôt… ni trop tard. Il faut éviter un départ avec de possibles convulsions.
Laurence me demande s’il y a un moyen pour l’aider à mieux accepter le départ.
Non, pas grand-chose.
Cela fait vingt ans que je travaille avec les guides. Je sais avec certitude qu’il y a une vie après la mort et que notre conscience et celle de tous les êtres sentients, continuent dans d’autres dimensions. Néanmoins, cela ne veut pas dire que j’accepte facilement le départ d’un être aimé et le fait de ne plus avoir le contact avec son corps physique.
Un être qui part, ce n’est pas une disparition, juste un passage.
L’esprit sait. Il y a une communication tacite qui s’établit entre deux esprits, entre le vôtre et celui de votre animal.
Timouss est en préparation. Il attend que tout soit en harmonie. Son esprit parle avec Laurence.
Laurence, sait. Elle est plus calme et n’est plus dans l’agitation, la peur et la panique.
Elle me dit: «Oui, je redoute les convulsions mais je ne suis pas paniquée à l’idée qu’il s’en aille. Il a eu une année supplémentaire, je pense que je peux avancer toute seule. Une part de moi est au clair et sait qu’une page va se tourner et l’autre part a du chagrin».
Laurence pleure mais ses larmes ne brûlent pas. C’est l’eau de vie qui coule de ses yeux car elle sait que son Timouss bien-aimé va continuer à exister.
Le temps de préparation est comme un grand espace paisible qui est palpable même s’il y de la souffrance.
L’esprit de l’animal en fin de vie est au seuil d’une autre dimension d’existence ou l’être est léger, vivant et fluide. Timouss est un grand être, il nous a permis de percevoir un petit peu cette paix.
Timouss est parti le jour après son anniversaire.
Timouss existe pour toujours dans le cœur de Laurence.
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«L’ombre et la lumière se sont évanouies, les voiles d’affliction se sont évaporés, les joies passagères ont fui comme des voiliers rapides, le mirage des sens n’existe plus pour moi. Passé,présent futur ne sont pour moi qu’un éternel présent:le Moi omniscient…Samadhi, béatitude au delà de toute expression»
Extrait du poème “Samadhi”, par Paramahansa Yogananda